Cohabitation chez le lapin : conseils et précautions

La clinique vétérinaire d’Eoures, 13011 Marseille, est souvent interrogée sur le sujet des relations des lapins.

Faire cohabiter un ou plusieurs lapins entre eux, ou avec d’autres espèces, est une démarche qui nécessite réflexion, préparation, et une bonne connaissance de l’espèce. En tant que proies, les lapins ont des besoins comportementaux et sociaux très spécifiques. La cohabitation n’est pas toujours simple, et peut même s’avérer impossible ou dangereuse dans certains cas.

La clé de la réussite : comprendre votre lapin

Avant d’envisager l’adoption d’un second compagnon, la compréhension du comportement de votre premier lapin est cruciale.

• Maîtrisez les bases : un lapin mal compris, dont les signaux de stress, d’agressivité ou de mal-être sont ignorés, ne fera qu’aggraver la situation avec l’arrivée d’un nouveau congénère.
• Attention au « Lapin pansement » : nous déconseillons vivement d’adopter un second lapin dans l’espoir qu’il règle les problèmes comportementaux du premier. Cela a de très faibles chances de succès et risque d’entraîner une dégradation significative de la situation pour les deux animaux.
• Prenez votre temps : si vous débutez avec les lapins, évitez d’enchaîner les adoptions rapidement. Prenez le temps d’acquérir de l’expérience et d’établir un lien solide avec votre premier compagnon.

Les cohabitations fortement déconseillées ou impossibles

Certaines associations d’espèces ou de sexes présentent un risque important de blessures graves, de stress chronique ou de transmission de maladies, et doivent être évitées.

1. Associations inter-espèces dangereuses (prédateurs)

Espèce	Danger	Conséquence
Furet	Prédateur redoutable du lapin.	Cohabitation impossible (risque de prédation et mort).
Rongeurs (Rat, Hamster, Souris, etc.)	Certains sont des prédateurs (le rat notamment), ou peuvent infliger des blessures graves au lapin ou au rongeur.	Cohabitation impossible (risque de blessures, voire de mort).

2. Associations lapin/cobaye (cochon d’Inde)

Bien que ces animaux puissent être tentés de cohabiter, cette association est fortement déconseillée et doit être réservée à des rencontres ponctuelles et supervisées.

• Besoins différents : Ils n’ont pas les mêmes signaux sociaux ni les mêmes besoins alimentaires et comportementaux.
• Risque de blessures : Un lapin peut infliger des blessures sévères (voire mortelles) au cobaye, même involontairement.
• Risque de maladie : Le lapin est un porteur sain fréquent de la bactérie Bordetella bronchiseptica, qui peut être mortelle pour le cobaye en provoquant de graves problèmes respiratoires.

3. Associations entre mâles non stérilisés

• Lapins mâles entiers : cohabitation impossible. Ils se battront violemment pour le territoire et la domination, cherchant souvent à castrer leur adversaire. Les blessures sont généralement graves et peuvent entraîner la mort du plus faible.

4. Associations entre lapins de même sexe stérilisés

La stérilisation est une étape clé, mais elle ne garantit pas la paix entre deux animaux du même sexe. Ces cohabitations restent fortement déconseillées :

• Deux mâles stérilisés : risque important d’agression, même s’ils sont frères. Une cohabitation réussie dans ce cas génère souvent plus de stress chronique qu’une cohabitation avec un lapin de sexe opposé.
• Deux femelles (lapines) : les lapines sont très territoriales et jalouses. Qu’elles soient stérilisées ou non, elles peuvent se battre aussi férocement que deux mâles. La stérilisation peut atténuer la tension, mais ne résout pas toujours les conflits territoriaux profonds.

Les cohabitations idéales (le duo gagnant)

Association	Recommandation	Détails
Un Mâle Stérilisé (depuis plus d’un mois) + Une Femelle Stérilisée	Idéale	Association naturelle, maximisant les chances de réussite et minimisant le stress.
Un Mâle Stérilisé (depuis plus d’un mois) + Plusieurs Femelles Stérilisées (1 pour 2 ou 3)	Idéale	Fonctionne très bien, le mâle stérilisé est souvent le meilleur « médiateur » social.

Note : L’âge, la race ou la taille des lapins n’ont aucune importance dans la réussite de la cohabitation. Seule la compatibilité des personnalités et l’état de santé comptent.

Associations avec d’autres espèces (avec supervision)

Une cohabitation est possible avec des animaux dont la nature n’est pas de considérer le lapin comme une proie. Elle nécessite toujours une période d’adaptation très progressive et une supervision constante.

Lapin et chat ou chien non-prédateurs :

Possible, à condition que le chien ou le chat ne manifeste aucun instinct de prédation envers le lapin. Le lapin doit toujours avoir une échappatoire et une zone refuge inaccessible à l’autre animal.

Oiseaux domestiques

Ils ne cohabitent pas vraiment, mais les rencontres ponctuelles dans le jardin ou la maison sont généralement sans danger pour le lapin.

Poules

Éviter la cohabitation dans un espace clos et restreint privilégier deux enclos distincts

• Blessures par coups de bec : les poules, notamment certaines races, peuvent être curieuses ou agressives et donner des coups de bec aux lapins, surtout aux lapins nains ou jeunes, pouvant causer des blessures (yeux, oreilles, etc.).
• Maladies et parasites : les fientes de poules sont très salissantes et peuvent être porteuses de parasites (comme la coccidiose, très fréquente chez les poules et qui peut affecter les lapins) ou de bactéries (comme la salmonellose). le lapin peut les ingérer en broutant ou en buvant de l’eau souillée.
• Régime alimentaire inapproprié : la nourriture des poules (souvent plus calorique ou contenant des céréales) n’est pas adaptée aux lapins et peut causer des troubles digestifs graves. Les poules peuvent aussi manger la nourriture des lapins.

Risques comportementaux et d’espace :

• Stress et agressivité : bien que les lapins soient souvent pacifiques, les poules peuvent être territoriales. Un espace insuffisant augmente le risque de conflits et de stress pour les deux espèces.
• Comportement de creusement des lapins : les lapins creusent, ce qui peut compromettre la sécurité de l’enclos, en permettant l’évasion des lapins ou l’intrusion de prédateurs.
• Harcèlement (rare mais possible) : des lapins mâles non castrés peuvent parfois harceler les poules.

Facteurs clés d’échec et de réussite

La violence potentielle des lapins entre eux est souvent sous-estimée :

• Territorialité : le lapin est extrêmement attaché à son territoire. Les lapines sont généralement les plus territoriales. l’introduction d’un intrus est très mal supportée.
• Violence : les lapins peuvent être extrêmement violents en cas de conflit. Les griffes et les dents peuvent occasionner des blessures graves, conduisant parfois à la mort.
• Hiérarchie et jalousie : les lapins ont un besoin inné d’établir une hiérarchie. Cette mise en place s’accompagne souvent de chamailleries, de montées et de bagarres. Ils sont également très possessifs et jaloux.
• Comportement sexuel : la puberté rend le comportement du lapin mâle souvent incontrôlable face à un congénère non accouplé, d’où l’importance capitale de la stérilisation.
• Rencontre en terrain neutre : voir les vidéos explicatives de l’association la colline aux lapins (YouTube) (exemple ci-dessous)